Hackathon pour Décloisonner les Données Alimentaires
L’événement à Paris
Le 2-3 décembre dernier s’est déroulé le Hackathon sur les Données Alimentaires. 74 participants, professionnels du numérique ou de l’alimentation, étaient réunis à Paris pour exploiter des données ouvertes riches et imaginer des solutions innovantes qui répondent aux défis de demain, en s’appuyant sur 44 jeux de données.
Objectifs de cet hackathon :
Décloisonner et cataloguer les données alimentaires
Créer des services innovants
« Le numérique au service de l’efficacité de l’action publique, cela concerne tous les volets de l’action gouvernementale, dont l’agriculture et la souveraineté alimentaire. Avec ce hackathon, l’objectif est d’insister sur la nécessité de la collaboration interministérielle et sur l’interopérabilité des données pour agir concrètement et rapidement sur des politiques publiques identifiées. »
Cet événement est co-organisé avec le département Etalab – Direction interministérielle du numérique (DINUM)*, le Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt, la DGCCRF – Ministère de l’Économie** et en partenariat avec Open Food Facts et FranceAgriMer***.
*Etalab est une administration publique française qui vise à améliorer le service public et l’action publique grâce aux données. Faisant ainsi office de directeur des données de l’État, Etalab coordonne la stratégie de l’administration dans le domaine de la donnée : partage des données ouvertes (« open data »), circulation des données entre administrations, exploitation des données et intelligence artificielle…. Etalab développe et maintient notamment la plateforme nationale des données ouvertes data.gouv.fr. (Source Wikipédia)
**La DGCCRF est une direction du ministère de l’Économie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique. Elle garantit l’ordre public économique en veillant au respect des règles pour conforter la confiance des entreprises et des consommateurs et assurer le bon fonctionnement des marchés et de l’économie. La protection du consommateur, qu’il s’agisse de sa sécurité (pour les produits non alimentaires) ou de ses intérêts économiques, et la régulation concurrentielle des marchés sont au cœur de son action. (Source)
***FranceAgriMer est un établissement public administratif placé sous la tutelle du ministère en charge de l’agriculture. FranceAgriMer est un lieu d’information, d’échanges, de réflexions stratégiques, d’arbitrage et de gestion pour les filières françaises de l’agriculture et de la pêche, rassemblées au sein d’un même établissement. (Source)
Jour 1: place à l’innovation collective !
Stéphanie Schaer, Directrice interministérielle du numérique, et Christophe Boutonnet, chef de service du numérique du ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt ont ouvert ces 2 jours de collaboration, d’innovation et de bonne humeur.
Les 74 participants avaient à disposition plusieurs jeux de données pour ce hackathon.
Dès les premières heures, les idées fusaient dans tous les sens et le soleil parisien était au rendez-vous !
Une fois, les 11 différentes équipes formées, les participants de tous horizons se sont mis à travailler studieusement sur les divers projets et problématiques.
Chaque équipe porte un projet autour d’un même objectif : utiliser la richesse des données et la force du numérique pour rendre service à nos bénéficiaires.
Une superbe team de mentors était aussi là pour les accompagner dans la navigation des jeux de données: Claire Poisson, Gaëlle Chauvel, Ben Blaye, Anne Pichon, et notre Pierre Slamich.
Jour 2 : découvrons les projets
Après une bonne nuit de sommeil, les participants étaient de retour pour continuer de formuler leurs propositions / solutions.
Dans l’après-midi, après une pré-sélection, les différentes équipes ont pitché leurs idées à un jury composé de:
- Cécile Bigot-Dekeyzer – secrétaire générale du Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt,
- Stéphanie Schaer (Directrice interministérielle du numérique),
- Christophe Boutonnet (chef de service du numérique du ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt),
- Denis Feuilloley (Directeur du programme relatif au SI de l’Alimentation – ministère de l’Agriculture),
- Rémi Stefanini (Délégué à la transition numérique de la DGCCRF),
- Audrey Rimbaud (Ingénieure Alimentation durable – ADEME).
La base de données Open Food Facts avec ces 3.5 million de produits alimentaires était d’ailleurs une grande favorite des participants ! Nous sommes ravis d’avoir été présents en tant que partenaires de cet Hackathon inédit.
And the winner is…
L’équipe lauréate du Hackathon données alimentaires est Battons le rappel !, une « application pour alerter les personnes qui ont acheté des produits rappelés » signée Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt. Félicitations !
L’objectif : viser une exposition des consommateurs aux rappels produits de la manière la plus adaptée pour minimiser les risques d’intoxication = leur communiquer de manière ciblée les rappels lorsqu’ils sont concernés et outiller les parties prenantes pour améliorer la réactivité dans le cadre de retrait de produits.
Le jury a également choisi 2 autres projets lauréats :
Vite ma daube « recommande des plats avec humour en suggérant aux usagers les menus les plus néfastes pour la planète et la santé, puis leur contre pied les plus sains et respectueux » .
« De meilleurs menus dans vos cantines » de l’équipe de Thomas Dauvet, Quentin L. et Vincent Jousse et porté par ma cantine, startup d’État issue de l’incubateur numérique La ruche du Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt.
Retour de Thomas D. “ Notre constat : La loi Egalim, qui vise à accélérer la transition alimentaire en imposant 50 % de produits de qualité, dont 20 % de bio, dans les cantines, n’a pas encore atteint ses objectifs. Aujourd’hui, seulement 27 % des produits servis sont de qualité, et 13 % sont bio. De plus, ni les gestionnaires des cantines, ni les convives ne disposent d’informations claires sur les impacts environnementaux des repas consommés. Notre idée : 1⃣ Créer un outil d’aide à la conception des menus, permettant de visualiser en temps réel les coûts environnementaux des ingrédients et d’ajuster les recettes pour réduire leur impact. 2⃣ Afficher les menus et leurs impacts environnementaux en ligne, pour que les convives puissent s’informer sur ce qu’ils mangent. Notre impact attendu : En informant les gestionnaires et en sensibilisant les convives, nous souhaitons faire évoluer les pratiques des cantines. Cela permettra d’augmenter la part de produits bio et de qualité, qui ont un impact environnemental plus faible. À l’échelle d’un milliard de repas distribués chaque année, cet outil pourrait jouer un rôle clé dans l’accélération de la transition alimentaire. Remerciements : Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont contribué à ce projet : – L’équipe d’Open Food Facts, – Les experts d’Ecobalyse (coucou Vincent), – Bien entendu, tous mes collègues de ma cantine” |
À la clé de cette récompense ? Une mise en avant de leurs projets, un co-financement et un appui de la part des services du MASAF et de La Ruche Numérique, le nouvel incubateur du ministère, si leurs sujets rentrent dans le cadre d’une politique publique liée à l’alimentation.
Vous pouvez retrouver l’ensemble des pitchs sur notre chaine Youtube:
Retour d’expérience des participants
Témoignage participante : Anouk Reuzé
Dr. Anouk Reuzé est épidémiologiste de la nutrition et ingénieure en agroalimentaire. Elle travaille actuellement en tant que chercheure à la London School of Hygiene and Tropical Medecine. Son travail porte sur l’évaluation de l’empreinte environnementale des régimes alimentaires de plusieurs populations européennes. Elle a réalisé son doctorat au sein de l’Equipe de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle (EREN), équipe de recherche pionnière dans l’utilisation des données d’Open Food Facts.
Est-ce que c’était ton premier hackathon ?
Oui, c’était mon premier hackathon.
Qu’est-ce qui t’a motivé à venir ?
J’étais particulièrement intéressée par les données utilisées, notamment la base de données Open Food Facts, avec laquelle je travaille actuellement. Cette base est très utilisée dans la recherche en épidémiologie nutritionnelle, c’était donc l’occasion de rencontrer l’équipe d’OFF avec qui j’ai eu des échanges auparavant. J’avais aussi très envie de rencontrer des experts en programmation/computer sciences, afin d’explorer de nouvelles techniques pouvant enrichir et optimiser mes méthodes d’analyse de données.
Quel est ton parcours ou ta spécialité ?
Je suis ingénieure agroalimentaire et titulaire d’un doctorat en santé publique et épidémiologie. Je suis spécialisée dans l’alimentation durable.
Qu’est-ce que tu as apprécié ?
J’ai beaucoup aimé l’environnement stimulant et propice à la productivité, ainsi que l’ambiance bienveillante. La présence d’experts dans les données était également très importante.
Sur quel sujet as-tu travaillé ?
Nous avons travaillé sur l’optimisation de l’attribution du score environnemental, l’Eco-Score, via la base de données OFF et Agribalyse.
Qu’as-tu trouvé surprenant ou particulièrement intéressant ?
J’ai été impressionnée par la capacité à générer une réelle valeur ajoutée pour un projet en un laps de temps aussi court. La recherche académique serait tellement plus performante avec des profils aussi pluridisciplinaires.
Témoignage participant: Léo Meuris
Est-ce que c’était ton premier hackathon?
C’était mon 2ème hackathon. Le premier était au salon de l’agriculture sur le sujet du pastoralisme. Nous avions présenté le MVP d’une application mobile qui permet aux bergers de faciliter leurs démarches administratives et de se situer sur un patûrage.
Qu’est-ce qui t’a motivé à venir ?
C’est le sujet des données alimentaires qui m’a motivé. Mon expérience de Product Manager chez Alkemics m’a fait touché à ce type de données et j’étais intéressé par les applications possibles dans l’éco-conception (ACV, eco-score, etc…). J’ai pu découvrir des initiatives très intéressantes comme Eco-balyse qui va se baser sur le coût environnemental.
Ton background / spécialité ?
Je suis Product Manager freelance avec notamment une expérience métier dans l’alimentaire et l’éco-conception.
Qu’est-ce que tu as apprécié?
J’ai apprécié le fait que notre équipe se constitue de manière improvisée suite à une rencontre avec Michel le lundi matin. Nous avons improvisé un pitch et ensuite convaincu Anouk () et Louison de nous rejoindre. Le hasard a bien fait les choses puisque l’équipe s’est révélée pluridisciplinaire et complémentaire: 1 directeur technique (CTO), 1 sociologue spécialisée en affichage environnementale, 1 épidémiologiste nutritionnelle et 1 product manager.
Sur quel sujet as-tu travaillé ?
Nous avons travaillé sur la traçabilité et l’optimisation de l’attribution de l’Eco-Score à davantage de produits alimentaires dans la base Open Food Facts. Notre MVP permet d’affecter un Eco-Score fiable à des produits qui n’en ont pas grâce à un modèle de Machine Learning qui optimise la liaison entre les taxonomies Open Food Facts et Agribalyse. Voici un exemple avec un jus de betterave sans eco-score dans Open Food Facts. Notre MVP permet de visualiser sa catégorisation dans les taxonomies et de calculer son eco-score simplifié (PEF) : https://hub.bigbearddevelopment.com/hackathon/schema?barcode=3229820121598
On serait d’ailleurs super contents que Open Food Facts réutilise ce projet car il pourrait avoir un impact immédiat sur le nombre d’Eco-Score affiché sur le portail.
Qu’est-ce que tu as trouvé surprenant ? Le lieu (Césure) était super (cantine et amphitéatre). La proximité des équipes Open Food Facts nous a bien aidé à déterminer notre sujet.
Merci Anouk et Léo d’avoir partagé vos expériences avec nous et de votre présence lors de ces 2 jours collaboratives !
Témoignage participant: Stéphane d’Open Food Facts
“Le hackathon a été une superbe occasion pour mêler les producteurs, les transformateurs et les consommateurs de données.
Pour le projet “40 millions de complémenteurs” qui a permis la création d’un prototype d’Open Food Facts des compléments alimentaires, les diététiciens de l’Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (EREN) ont ainsi pu expliquer aux personnes qui s’occupent de la base Compl’Alim des déclarations de mise sur le marché des compléments alimentaires qu’elles étaient les données clés nécessaires pour évaluer l’impact à long terme sur la santé, grâce à la cohorte Nutrinet-Santé.”